RDC : Situation des droits de l’homme, le tableau reste peu reluisant, Dismas Kitenge interpelle le pouvoir
Pendant que l’humanité commémore le 75e anniversaire de la déclaration universelle des droits inaliénables de chaque individu en tant qu’être humain, la criminalisation des défenseurs des droits humains n’a pourtant pas diminué en RDC à l’aube des élections de 2023. C’est la lecture faite par le président du groupe Lotus, Dismas Kitenge Senga, en marge de la journée internationale des droits de l’homme célébrée le 10 décembre de chaque année.
Dans son message rendu public mardi, 12 décembre 2023, dont habariyahamani.net a reçu une copie, le numéro un de cette organisation de défense des droits humains salue quelques réformes législatives enregistrées jusqu’ici en matière des droits humains:
« Les lois sur la parité hommes et femmes dans les institutions publiques, la lutte contre les violences sexuelles, les peuples autochtones, les personnes vivant avec handicap, les réparations en faveur des victimes de graves violations des droits humains, la protection des défenseurs des droits humains… ». A-t-il énuméré.
Toutefois, le Vice-Président honoraire de la fédération internationale pour les droits humains, déplore les menaces, intimidations, arrestations arbitraires et détentions illégales dont continuent à faire l’objet les défenseurs des droits de l’homme par les services de sécurité, les forces de l’ordre et la justice congolaise.
Cas de criminalisation
Entre janvier 2020 et juillet 2022, 97 défenseurs des droits humains victimes de criminalisation ont pu être assistés par les divers programmes d’assistance et de protection. A révélé Dismas Kitenge.
A l’en croire, les défenseurs qui dénoncent les violations des droits humains sont désignés comme ennemis de la nation par les autorités et subissent des représailles de la part des acteurs étatiques comme non-étatiques et les groupes armés.
Et de préciser que la criminalisation des défenseurs n’est pas un phénomène nouveau en RD Congo, mais la faiblesse structurelle des institutions, la corruption, l’état de siège, et l’absence de contre-pouvoirs ont affaibli l’état de droit et permis l’instrumentalisation de la loi contre les opposants.
Femmes et filles victimes
Selon le défenseur Dismas Kitenge, les violences sexuelles à l’égard des femmes et des jeunes filles se commettent à grande échelle tant dans les zones en conflit armé que dans les zones en relative paix. Et l’utilisation des enfants dans les groupes armés se pratique sans inquiétude. A-t-il dit.
Droits de l’homme et processus électoral
« Dans le contexte électoral actuel, les libertés d’expression, d’opinion, de manifestation et de la presse ont été non seulement restreintes mais aussi réprimées. » Dénonce le président du groupe Lotus.
Selon ses dires, les victimes sont des opposants politiques, des défenseurs des droits humains et des journalistes. Il fait allusion aux cas les plus emblématiques tels que le meurtre de l’opposant politique Chérubin Okende en juillet dernier, les arrestations brutales de l’opposant Salomon Kalonda Idi sur le tarmac de l’aéroport de Ndjili à Kinshasa le 30 mai 2023, et du journaliste congolais Stanis Bujakera le 08 septembre 2023, toujours à l’aéroport de Kinshasa.
« Les principes d’égalité de traitement de tous les candidats présidents de la République par les services publics, de leur accès aux médias publics, de leur protection par la police et de la non utilisation des moyens de l’Etat ne sont pas respectés durant cette période de campagne électorale qui doit s’arrêter le 18 décembre 2023. » A-t-il relevé.
Pour améliorer cette situation critique des droits humains en RDC, le défenseur Dismas Kitenge Senga formule quelques recommandations :
– L’Etat congolais doit appliquer et faire respecter les lois congolaises et les traités internationaux ratifiés en matière des droits humains par son administration, ses forces de l’ordre et de sécurité ainsi que par sa justice ;
– Sanctionner les auteurs des violations des droits humains et accorder des réparations aux victimes de ces violations ;
– Promouvoir les droits humains à travers leur insertion dans tout le système éducatif congolais et dans l’appareil sécuritaire afin d’instaurer une culture des droits humains dans la société ;
– Augmenter la participation des femmes dans le processus de prise des décisions et dans les postes des responsabilités tant bien dans les institutions publiques que dans la société en général ;
– Renforcer la protection des catégories des populations vulnérables tant bien sur le plan juridique, social qu’économique ;
– Mettre en place un système judiciaire indépendant, impartial et ouvert aux critiques et diverses suggestions ;
– Respecter et renforcer les rôles de la société civile comme contrepoids du pouvoir politique et des médias indépendants ;
– Dans le contexte électoral, bannir les discours de haine et d’incitation à la haine, à la xénophobie, à l’intolérance politique et mettre en place un système électoral ouvert, transparent et crédible qui permette un contrôle citoyen et un recours à une justice indépendante et impartiale ;
– Renforcer le dialogue politique et la coopération multisectorielle avec les acteurs internationaux dans l’édification et la consolidation du système démocratique et de respect des droits humains en RDC.