Goma : L’instabilité sécuritaire plonge la ville dans la crise monétaire

Depuis la prise de Goma par les rebelles du M23, la situation monétaire dans la ville est devenue préoccupante. Les banques ont fermé leurs portes, paralysant ainsi les activités économiques et exacerbant les difficultés financières des habitants. La rareté de la monnaie nationale et l’absence de transactions bancaires aggravent la crise, plongeant les commerçants et les citoyens dans l’incertitude.

Didier Likele, analyste politique et enseignant à l’Université du CEPROMAD de Bunia, dans la province de l’Ituri, estime que les dirigeants de Kinshasa doivent autoriser la reprise des activités bancaires. Selon lui, laisser les banques fonctionner permettrait à l’État congolais de maintenir une influence sur la ville. Il suggère de s’inspirer des stratégies utilisées à l’époque de l’AFDL pour assurer le fonctionnement du système bancaire, même en période d’occupation.

Par ailleurs, il insiste sur la nécessité pour les autorités en place à Goma d’assurer la sécurité des banques, tant dans leur intégrité physique que dans leur bon fonctionnement.

Une pression croissante sur les banques locales

Lors d’une récente réunion à Goma entre les banquiers et les nouvelles autorités, la question de la réouverture des banques a été au centre des discussions. Il en ressort que les banques locales ne peuvent pas reprendre leurs activités sans l’aval de la Banque Centrale basée à Kinshasa. Cependant, un ultimatum de 18 jours leur a été imposé pour rouvrir leurs portes, sous peine de fermeture définitive.

Face à cette impasse, l’analyste Likele estime que les banques doivent faire preuve de souplesse et d’imagination pour contourner les difficultés liées à la liquidité.

Alors que la situation monétaire demeure critique à Goma, les opérateurs économiques sont plongés dans l’incertitude. La fermeture des banques a paralysé les transactions financières, compliquant davantage les échanges commerciaux.

Un commerçant spécialisé dans la vente de vêtements, ayant requis l’anonymat, témoigne de ses difficultés :

« Les transactions financières sont devenues un véritable casse-tête depuis la fermeture des banques à Goma. Je ne sais plus comment gérer mon commerce. Même nos clients se plaignent du manque d’argent en circulation. »

Cette crise monétaire affecte l’ensemble des secteurs économiques de la ville, fragilisant les activités des commerçants et limitant le pouvoir d’achat des habitants.

Les risques d’un effondrement monétaire à Goma

Si cette situation persiste, le Chef de travaux Likele identifie plusieurs risques majeurs entre autres :

– Disparition de la monnaie nationale : La rareté du franc congolais pourrait s’aggraver jusqu’à entraîner sa disparition totale dans la zone.

– Perte du contrôle financier par la Banque Centrale : Goma, un pôle économique stratégique, pourrait être économiquement coupé du reste du pays, favorisant une forme de «balkanisation économique ».

– Domination des devises étrangères : Le dollar américain et les monnaies des pays voisins risquent de prendre le contrôle de l’économie locale, rendant toute reprise du franc congolais extrêmement difficile.

Outre la défense nationale et la diplomatie, la monnaie est un pilier fondamental de la souveraineté d’un pays. Il est impératif que les dirigeants congolais réagissent rapidement pour éviter une perte totale de contrôle sur Goma; a-t-il conclu.

Alors que la situation sécuritaire reste volatile, la crise monétaire qui en découle met en péril non seulement l’économie locale, mais aussi la cohésion nationale. Les décisions prises dans les prochains jours seront déterminantes pour l’avenir de la ville et de ses habitants.

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