Haut-Uélé/RDC : le Parc National de la Garamba arme les magistrats contre la criminalité faunique
Le Parc National de la Garamba (PNG) a organisé du 31 janvier au 02 février 2024, un atelier de renforcement des capacités du corps juridique à Isiro, capitale de la province du Haut-Uélé. Ces assisses visent à statuer sur les défis d’application de la loi en matière de la lutte contre la criminalité faunique et à consolider la collaboration entre le Parc et le corps juridique de la région. Quatorze participants, issus tous de la magistrature du Haut Uélé ont pris part aux travaux.
Sous la supervision du conseiller juridique principal de l’institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), spécialisé en droit pénal de l’environnement, plusieurs points ont été abordés, dont le contexte historique du Parc, son fonctionnement, les défis et perspectives, les statuts des espèces animales.
Cet atelier, occasion pour les participants d’échanger à fond sur les prescrits légaux des activités autorisées et non autorisées dans le Parc, les infractions liées à la criminalité faunique et les peines encourues, la procédure juridique adaptée selon le cas ainsi que les responsabilités de parties prenantes.
«Ces genres des séances d’échange avec le corps juridique comportent un avantage de transparence dans le traitement des cas de crime faunique dans toutes les instances juridiques de la province, surtout avec l’affectation de nouveaux magistrats ». reconnait Chantal Sikuli, juriste du Parc National de la Garamba. Les cas récidivistes ne cessent de diminuer au jour le jour. A-t-elle révélé.
Grace aux séances de sensibilisations et aux interventions du Parc auprès de la population, les cas de crimes faune sont passé de cinquante en 2018 à six cas en 2022. A affirmé la juriste Sikuli. Avant de saluer le travail que sont en train d’abattre les officiers de police judiciaire à compétences restreintes, en dépit de leurs effectifs réduit par rapport à l’étendu à couvrir.
Le président du Tribunal de Grande Instance d’Isiro, juge Charmant Mukendi Kitoto rassure que la présence des professionnels de la justice à cet atelier est un atout considérable dans le travail de la préservation de la biodiversité. Il est conscient que ces assises tombent à point nommé, étant donné que la loi portant conservation de la nature est peu connu par les magistrats. Il promet de travailler en franche collaboration avec le Parc National de la Garamba.
A ce jour, le PNG a déjà organisé vingt-neuf séances de vulgarisation de la loi portant conservation de la nature. Ce travail de sensibilisation a permis de diminuer sensiblement le braconnage et d’établir une relation de confiance entre la population riveraine et le Parc.
Les textes légaux ayant trait à la gestion des ressources naturelles ont été également à la table de discussion de cet atelier, notamment le code forestier de 2002, le code minier de 2018, la loi portant principe de protection de l’environnement de 2011 et la loi portant conservation de la nature de 2014 en RDC d’une part, ainsi que les conventions internationales d’autre part.
Les participants à ces assises ont adressé des recommandations à l’endroit de l’ICCN et ses partenaires en vue d’améliorer le travail : « l’adoption d’audience foraines, la création des juridictions spéciales, l’insertion des cours détaillés dans le cursus des étudiants de la faculté de droit, l’élargissement de ces genres d’ateliers sur toute l’étendue du pays, afin qu’ils soient bénéfiques à tous les magistrats ». Autant des proposions faites à l’issue de l’atelier.
Le Parc en guerre contre les pratiques illicites
L’exploitation minière artisanale illicite est l’une des menaces majeur sur la biodiversité du complexe de la Garamba, à laquelle le corps juridique est appelé à faire face. Déjà le Parc multiplie les plaidoyers et les séances de sensibilisation à l’intention des exploitants miniers artisanaux, des autorités provinciales, territoriales, locales et coutumières, afin de parvenir à une concertation pacifique entre les parties prenantes pour déplacer ces activités illégales en dehors des aires protégées.
Pendant ce temps, pour lutter contre les conflits homme faune impliquant des espèces protégées, le Parc National de la Garamba en collaboration avec la population riveraine a mis en place une stratégie basée sur la prévention.
Des groupes de discussions avec les cultivateurs et les éleveurs sont régulièrement organisés pour identifier et comprendre les techniques locales et légales de protections de cultures et d’élevages.
Créé en mars 1938, le Parc National de la Garamba est déclaré site du Patrimoine Mondial en 1980. Il couvre une superficie de 5 133 km2 au Nord-est de la RDC.
Ce patrimoine mondial bénéficie d’appuis institutionnels de l’Union européenne et de l’USAID, pour la restauration de la biodiversité et la sécurisation du Parc.