RDC/Haut-Uélé : Ce qu’il faut savoir des activités d’éducation environnementale du Parc National de la Garamba
Le Parc National de la Garamba situé dans la province du Haut-Uélé, au Nord-Est de la RDC, développe depuis plusieurs années un programme d’éducation environnementale dans les villages des domaines de chasse et zones riveraines. Sa stratégie d’intervention s’appuie sur trois piliers Aimer-Comprendre-Agir. L’objectif est d’améliorer l’accès des communautés aux connaissances environnementales, au Parc ainsi qu’aux pratiques durables d’utilisation des ressources naturelles.
Ce programme d’éducation à l’environnement qui vise à amener les communautés à devenir des actrices de protection de la nature mobilise un public fort diversifié dans sa mise en œuvre, avec une priorité accordée aux élèves et enseignants des écoles primaires et secondaires se trouvant en zones riveraines.
Avec cette cible, plusieurs activités sont menées, notamment des ateliers dans les écoles, des visites du Parc et animations au Camp Dungu, les Champ Ecole Paysan pour les jeunes (CEP Juniors) et le Concours interscolaires. Explique la cellule de communication du Parc.
L’ensemble de ces activités sont réalisées en étroite collaboration avec les autorités de la Division et des Sous-divisions provinciales de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique (EPST) du Haut-Uélé II et des directions des écoles concernées.
En vue de renforcer cette collaboration, une réunion avec les autorités locales de l’EPST s’est tenue à Watsa en mars 2024, pour présenter les activités d’éducation environnementale menées les dernières années et les prévisions des prochains mois de 2024-2025.a
Satisfait de la collaboration et des réalisations du Parc dans le secteur de l’éducation, le Directeur provincial de l’EPST Haut-Uélé II, Djabir Assani Alfred soutient que « faire visiter le Parc aux élèves stimule en eux l’amour de la nature et du Parc. Les activités d’éducation environnementale réalisées dans les écoles leur permettent d’améliorer leur compréhension aux enjeux environnementaux et d’apprendre des pratiques durables dès le bas âge ».
« Ceci rentre dans la mission de l’EPST qui veut que ‘l’enseignement national assure une éducation environnementale, une formation au développement durable et aux changements climatiques dans le but de préparer les élèves […] aux problèmes de l’équilibre écologique. » A-t-il précisé.
Et de poursuivre : « pour une mise en œuvre continuelle et permanente de ces activités, j’encourage l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) à poursuivre avec ces interventions et de travailler conjointement avec ses partenaires et l’EPST pour arriver à intégrer ce programme dans le programme scolaire national.
Il va plus loin en proposant au Parc de réfléchir sur la formation des formateurs des enseignants, à l’occurrence les inspecteurs chefs de pool, en éducation environnementale pour diffuser largement ces activités et étendre dans la même occasion l’impact sur toutes les centaines d’écoles présentes dans sa grande zone d’intervention.
Les activités d’éducation environnementale développées par le Parc sont sollicitées par plusieurs écoles riveraines, surtout l’approche pédagogique participative, ludique et adaptée au contexte local.
« Nous remercions le Parc pour cette session d’éducation environnementale dans notre école. Les matériels distribués, la méthode utilisée et les thèmes abordés sont utiles pour une bonne compréhension des élèves. Nous demandons une continuité avec ces activités », témoigne Talaguma Bavida, enseignant de 6ème à l’EP Gangala Kawa de Faradje. Depuis 2021.
plus de 9 000 élèves du primaire et du secondaire ont participé aux sessions d’éducation environnementale animées dans plus de 100 écoles riveraines sur plusieurs thématiques. De 2021 à 2023, plus de 3 000 élèves et enseignants du primaire et du secondaire ont visités le Parc et ont suivi des sessions d’éducation environnementale dans un camp construit à la station principale du Parc pour l’accueil des groupes communautaires, le Camp Dungu.
Fagele Namitimi, Directeur adjoint de l’EP Mali Ngbundu du village Duru en territoire de Dungu, qui a accompagné les élèves témoigne sa reconnaissance : « La visite du Parc nous a marquée et nous a montré la réalité de la protection de la nature dans le Par cet les Domaines de Chasse adjacents. Nous nous engageons, comme communauté riveraines, à protéger ces aires protégées pour que cela profite également aux générations futures.»
En 2023, près de 900 élèves volontaires et enseignants des 29 écoles bénéficiant des activités de CEP Juniors ont été formés par l’équipe du Parc aux pratiques durables d’agriculture pour protéger les écosystèmes forestiers des Domaines de chasse contre l’agriculture itinérante sur brûlis et aux notions de base de gestion et de commerce.
La protection de la forêt, les élèves s’y engagent
Une nouvelle activité lancée en fin d’année 2023 dans les écoles de Aba, Dungu et Faradje, c’est le concours interscolaires d’affiches pour sensibiliser sur la protection de la forêt, qui a connu un grand succès, si bien que le Chef de la Sous-division provinciale de l’EPST Faradje 1, Monsieur Basile Dupo Bakaniyo suggère au Parc « d’intensifier cette activité et de les utiliser comme un outils d’identification, d’encadrement et de promotion des talents locaux sur des sujets relatifs à la protection de la nature».
sur les 81 affiches réalisées par les élèves du secondaire pour soumission au nom de leurs écoles, plusieurs dizaines étaient très créatives et porteuses des messages intéressants sur la protection des forêts.
A titre illustratif, une des affiches ayant remporté le prix rappel sur le fait que « Notre vie dépend de la protection des forêts », une autre interpelle sur « le danger que cause la déforestation », une autre encore témoigne son amour pour la forêt, « J’aime ma forêt », et rappel sur quelques biens qu’elle fournit à la communauté. Autre affiche ayant remporté le prix à Dungu rappel sur la « nécessité d’utiliser rationnellement les forêts, car sa protection est la responsabilité de tous ».
L’ensemble de ces affiches étaient exposées au public pour sensibiliser les communautés et pour être votés par elle. Près de 5 000 personnes jeunes et adultes ont été sensibilisé sur la protection des forêts, en s’appuyant sur les affiches produites par les élèves comme supports de sensibilisation. Rapporte la cellule de communication du Parc.
Le responsable du programme d’éducation environnementale, Eric Basosila, se dit très satisfait de ces premiers résultats, « Le Parc et les domaines de chasse adjacents sont des sites abritant une biodiversité exceptionnelle. Ses savanes herbeuses et boisées, ses forêts denses et galeries ainsi que ses dépressions marécageuses et ses rivières constituent un abri des espèces de faunes clefs qui entretiennent et maintiennent les services écosystémiques essentielles pour l’homme et la faune ». A-t-il dit.
Il ajoute ; pour les protéger durablement, il est urgent d’impliquer et former, dès le bas âge, les futurs gestionnaires, utilisateurs et ambassadeurs de la protection de la nature. Nous sommes très satisfaits du fait que les communautés jeunes et adultes se sentent de plus en plus proche du Parc, ils sont davantage conscients de leur rôle dans la protection de ce patrimoine naturel unique et s’activent de plus en plus aux pratiques durables.
Et de conclure ; « Nous tenons à remercier l’Union européenne et l’USAID qui financent ce programme, sans lequel ces activités n’auraient pas ces résultats. Nous remercions également les autorités de l’EPST et les écoles qui nous appuient en facilitant la mise en œuvre des activités dans les écoles. »
Le Parc National de la Garamba est un site du Patrimoine mondial de l’humanité, localisé au nord-est de la République Démocratique du Congo, dans la province du Haut-Uélé. Avec les trois domaines de chasse qui l’entoure, le Parc contribue à la protection d’une diversité des écosystèmes et des d’espèces de faune emblématiques (rhinocéros blanc du nord, éléphants de savane et de forêts, l’unique population sauvage des girafes de la RDC). Le Par cet les Domaines de chasse adjacents sont gérés depuis 2005 par African Parks, dans le cadre d’un partenariat public-privé signé avec l’ICCN pour améliorer la sécurité et la stabilité du paysage de la Garamba et renforcer sa viabilité sociale, économique et écologique.