14 gestionnaires des radios communautaires des territoires du Nord et Sud-Kivu prennent part du 19 au 23 mars 2024, à la formation organisée par la GIZ à travers son projet promotion de la paix et la stabilité dans l’Est de la RDC (ProPaix II). La formation porte sur les techniques de mobilisation des fonds, la gestion administrative et financière des médias. Les travaux se déroulent dans la salle de réunions de GIZ Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu.

Cette formation de cinq jours rentre dans le cadre des stratégies mises en place par le ProPaix II pour le renforcement des capacités des radios communautaires du Nord et Sud-Kivu, afin de leur permettre d’améliorer la qualité de leur travail et de contribuer au processus de construction et de consolidation de la paix.

« Comprendre l’écosystème de l’économie des médias », c’est le premier module animé par le facilitateur Pascal Chirhalwirwa. Dans son intervention, cet expert international en gestion et coordination de projets et directeur général de l’Etablissement Colibris multi-services (COMUS) sursouscrit son sujet dans une dynamique de mobilisation des fonds, de professionnalisme et d’indépendance des médias communautaires.

Pour montrer la difficulté dans laquelle fonctionnent les radios communautaires dans l’Est de la RDC, le formateur a insisté sur la nécessité pour les médias, de disposer d’une stratégie économique claire et qui s’adapte au contexte de crise ou mieux, de l’environnement sécuritaire précaire dans lequel, ils fonctionnent.

Une économie de misère pour les radios communautaires

A travers un exercice de brainstorming, les participants ont qualifié la situation économique de leurs médias d’« Economie précaire, économie de détresse, zéro économie, économie sous menace des armes et des multiplicités de taxes, … ».

Pour Madame Adeline Nsimire, responsable de la radio Bubusa à Walungu, il est difficile de se lancer dans la mobilisation des fonds dans un milieu rural pauvre et obtenir des résultats escomptés.

« Dans le temps les bailleurs des fonds étaient là pour nous accompagner, malheureusement on ne nous avait jamais préparés aux techniques de mobilisation des fonds. Aujourd’hui le financement n’est plus accessible, les robinets sont fermés, notre radio est par terre, voilà la misère interne de beaucoup des radios communautaires de cette partie du pays» a-t-elle déploré.

A en croire le facilitateur Chirhalwirwa, les gestionnaires des radios doivent avoir un esprit managérial, en ayant la capacité de trouver dans le contexte de crise des opportunités d’accès à des financements pour pouvoir continuer leur mission d’informer la population.

Dans un contexte de crise, le besoin en information pour la population est ressenti au même titre que le besoin en eau potable, en médicaments, en abris, … Tout média, peu importe son statut juridique, doit avoir une stratégie clairement définit pour sa viabilité économique. La radio communautaire doit aussi intégrer dans sa stratégie, la mobilisation de fonds pour lui permettre de se maintenir dans le temps. A-t-il insisté.

Et Pascal Chirhalwirwa d’ajouter; le rôle joué par la radio communautaire en situation de crise est très importante et cela impose la nécessiter de disposer des moyens nécessaires pour pouvoir continuer à apporter aux communautés, des informations qui peuvent sauver des vies.

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« Quand votre média est économiquement faible, son influence sur la société est aussi faible. » a indiqué le formateur, avant de révéler aux participants que l’économie forte pour un média permet à ce que son offre éditoriale soit également de qualité ». Et à l’expert Pascal Chirhalwirwa de conclure ; les gestionnaires de radios communautaires doivent également se conformer aux innovations imposées par les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour pouvoir en tirer les bénéfices nécessaires permettant d’améliorer la qualité du contenu et aussi s’en servir dans leurs stratégies de mobilisation des ressources.

Les participants à cette formation sont des directeurs, des chargés de l’administration et gestion financière des radios venus de Minova, Kalehe, Walungu, Kamanyola, Luvungu, Sange au Sud-Kivu et de la ville de Goma au Nord-Kivu.

Les médias sont des vecteurs d’informations et de communication en appui au processus de la paix. Plusieurs radios communautaires n’ont pas accès au financement, suite à une faible connaissance en techniques de mobilisation des fonds, ce qui constitue un manque à gagner pour une production médiatique de qualité, indépendante et impartiale au profit de leurs communautés. C’est ce qui justifie la tenue de cette formation.